En ce tout début de printemps à peine bourgeonnant, nous sommes partis (les TPS, PS, MS et GS) en forêt de Fausses Reposes avec Roland Gérard notre parrain. Fondateur du Réseau Ecole et Nature et fabuleux poète, il a accompagné les MS et GS dans une balade poétique pendant que les petits partaient à la cueillette de chatons de noisetier, pâquerettes et pissenlits ! Il est un très grand connaisseur des plantes et de la nature, il a pu nous éclairer sur les espèces que nous rencontrions lors de notre ballade, notamment la foulque macroule (qui ressemble beaucoup à la poule d’eau !) ainsi que les différentes essences d’arbres (plus difficile à identifier en hiver !).
Voici les quelques lignes que Roland a écrites après cette après-midi passée tous ensemble:
« En arrivant sur les étangs de Ville d’Avray nous avions observé les foulques macroules et les grèbes huppés qui sur l’eau vaquaient à leurs occupations. Nous nous nous étions arrêtés pour écouter le pouillot véloce tout juste rentré d’Afrique … à cette occasion un petit poème de Fernando Pessoa nous a invité à nous en remettre à nos sensations : « Léger, léger, très léger…un vent très léger passe… et s’en va toujours très léger… je ne sais moi ce que je pense ni ne cherche à le savoir… »
Il y a eu ensuite le moment mandala. Les enfants ont ramassé des chatons, fleurs mâles, tombées des arbres, des écorces, de la mousse, des feuilles, des bâtons, quelques fleurs … ensemble nous avons agencé un peu tout cela en forme de cercles concentriques …nous avons obtenu un assez joli résultat…
Puis au son de la cloche les enfants ont été invités à choisir leur arbre et à s’asseoir à ses pieds pour passer là 7 minutes… c’est beaucoup 7 minutes pour des enfants de moins de 7 ans. Il n’était pas nécessaire d’être très grand observateur pour voir que certains enfants sont très vite partis dans leurs rêves ou dans des observations très fines de ce qui se passait entre les racines ou sur les écorces.
Puis nous avons marché. Au pied du « grand hêtre » de Véronique j’ai raconté le loup et le chien de Jean de la Fontaine… surprenant de voir leur attention et comme ils ont bien compris comment le loup ne veut en aucun cas sacrifier sa liberté… l’un a dit : « c’est comme Carmen » qu’ils étudient en ce moment !
Le moment le plus magique a sans doute été celui du jeu libre. Nous nous sommes arrêtés à un large carrefour au milieu duquel trônait un immense chêne. Un terrain accidenté s’est offert aux jeux des enfants. Aucun artifice n’a été nécessaire pour les occuper, les pierres, les bâtons, la mousse, les feuilles, la boue… voilà les éléments majeurs des différents jeux improvisés. Très vite se sont dessinés trois lieux d’attraction particulièrement forts. Certains étaient très occupés à faire des trous dans les buttes de terre sableuse où plusieurs bouleaux avaient pris racines. D’autres étaient comme « scotchés » à une flaque sur le chemin, les pieds dans la boue abondante… une chance ils avaient des bottes. D’autres enfin avaient trouvé une butte qu’ils s’amusaient à lisser avec les petites mains… quel très doux usage des jours… les parents ou grands parents accompagnateurs ne se sont pas étonnés de la place donnée à ce moment de grande détente, de jeu, de découverte… moment magique et bien trop rare où des véritables liens se tissent entre les enfants et les arbres, l’enfant et la terre, l’enfant et l’humus… Moment où il semblerait qu’on apprend rien… alors que c’est peut-être l’essentiel qui se vit là… le cœur même de l’expérience de nature. »
Roland 24 mars 2023