Une année « Victor Hugo » à La Maison de L’Enfant ! Quel rêve !

Mais surtout une évidence, puisque notre choix de comédie Musicale se porte sur Les Misérables ! La Team, absolument fan, l’avait vu plusieurs fois à Londres, puis au Théâtre du Châtelet cet hiver ! En faisant ce choix, elle était intimement persuadée que les enfants allaient adorer se jeter à corps perdu dans l’histoire de Cosette, Gavroche, et bien sûr de Jean Valjean !
Et c’est ce qui s’est passé ! En parfait peintre de l’âme, Victor Hugo a ému les Petits-Loups tant ses héros sont décrits dans les moindres recoins de leur âme, dans leur part d’ombre comme dans leur part de lumière.

La musique et les chansons de Claude-Michel Schönberg les ont ensuite totalement emballés tant elles emportent tout sur leur passage, transcendant les textes de Victor Hugo, revus habilement par Alain Boublil. Et quelle histoire, ces Misérables !
Pendant des mois, je l’ai racontée, en entrant dans sa profondeur et sa force grâce des explications très détaillées et fouillées des textes et des situations, pour que chaque enfant puisse se l’approprier et l’aime autant que la Team l’aime !

J’ai fait mimer les situations par les enfants, la meilleure façon pour eux d’accéder aux émotions vraies !
Nous avons étudié Lili et moi, les textes que les GS diraient au spectacle. Nous étions infiniment chanceuses car Léonie avait pu récupérer les livrets de la troupe des Misérables du Châtelet par un des musiciens ! Comme quoi cela sert d’avoir des parents musiciens implantés dans ce monde de professionnels ! Donc Lili et moi, nous avons travaillé des mois durant pour adapter les textes des petits loups ! Nous avons choisi de leur faire interpréter presque toutes les chansons du spectacle, les GS avec des solos, selon leurs talents, tous les enfants de La MDE dans le chœur ! Un véritable régal !

Les enfants, eux aussi, ont beaucoup beaucoup travaillé, et avec passion, tous les matins. Les chansons d’abord, dès novembre, les textes et la mise en scène à partir du mois de mars ! Ils ont avancé à toute vitesse ! Prenant de plus en plus de plaisir et d’assurance au fur et à mesure de leurs apprentissages ! Mais ce n’est pas tout, les GS bien sûr, mais tous les enfants ont été transformés par la préparation du spectacle ! Ils ont pris confiance en eux, ils ont adoré découvrir la joie de la réussite après avoir tout donné ! Ils ont découvert ce que voulait dire avoir le sens de l’effort ! Le travail sur leur diction pour se faire comprendre, sur leur posture, sur le langage du corps leur ont permis de se dépasser et d’atteindre un magnifique niveau d’acteurs ! La participation de tous leur a demandé d’apprendre à être patients, empathiques, solidaires et coopératifs !

Oui, le soir du spectacle, le 19 juin, on pouvait vraiment dire que les enfants avaient considérablement grandit dans leur « Savoir Être » sachant comment grandement collaborer, n’oubliant personne, faisant attention avec bienveillance à la réussite de tous ! On ne pouvait que s’ébaubir de constater à quel point les GS savaient porter haut un texte, utiliser leur voix pour magnifier les chansons et l’énergie des Misérables ! Et de fait, quelle maturité, les enfants ont acquis !
Les parents ne s’y sont pas trompés, le soir du spectacle, quand ils ont vu le niveau des acteurs-chanteurs ! La beauté et l’impact de l’interprétation ! L’accomplissement de leurs enfants et leur degré de rayonnement ! un succès phénoménal ! Une émotion palpable !

Travailler sur les Misérables était un véritable bonheur, mais je désirais beaucoup plus pour les Petits-Loups : leur faire connaitre l’immense Poète-écrivain-homme politique-humaniste, Romantique qu’il avait été, tout en évoquant l’enfant, le père, l’ami et le grand-père qui allait leur permettre de s’attacher à lui, intimement ! Je ne voulais en aucun cas que les enfants le réduisent à l’écrivain des Mis !
je voulais aussi que les enfants le comprennent plus encore en éclairant son siècle, le 19-ème, porteur d’innovations et de découvertes incroyables que nous utilisons encore quotidiennement !

Alors, par quoi commencer !
Tout d’abord, j’ai raconté le petit garçon, le bébé né en 1802, pas plus grand qu’une main que tous condamnaient à mourir, tant il était faible et peu viable ! Sa mère, à qui il a voué un amour incommensurable le sauvant en l’aimant éperdument !

« Ô l’amour d’une mère ! amour que nul n’oublie !
Pain merveilleux qu’un dieu partage et multiplie ».

Et moi, de mêler l’histoire aux vers du poète ! Quel plaisir de les dire aux enfants fascinés !
Je voulais que les enfants suivent Victor Hugo devenant petit à petit leur modèle et leur héros, pour finir par connaître intimement son enfance !
Chaque après-midi, devant mon public passionné, je racontais son enfance fascinante, picaresque et souvent douloureuse car écartelée entre un père soldat (Général de Napoléon),

« Enfant, sur un tambour ma crèche fut posée.
Dans un casque pour moi l’eau sainte fut puisée.
Un soldat m’ombrageant d’un belliqueux faisceau,
De quelque vieux lambeau d’une bannière usée
Fit les langes de mon berceau. »

et sa mère vendéenne et royaliste, tous deux se déchirant sur la garde de leurs trois fils : Abel, Eugène et Victor.

« Je vous dirai peut-être quelque jour
quel lait pur, que de soins, que de vœux, que d’amour… »

Et j’ai plongé dans l’histoire enfantine des Hugo, les rendant ainsi si attachants, lisant souvent des paragraphes entiers de l’excellente et passionnante bibliographie de Max Gallo qui relate merveilleusement les voyages en calèche, plus qu’épiques, pour rejoindre le père de Victor en Italie ou en Espagne lorsqu’il n’a que 5-6 ans !

«  Avec nos camps vainqueurs, dans l’Europe asservie
J’errais, je parcourus la terre avant la vie … »

« Quand je balbutiais le nom chéri de France,
Je faisais pâlir l’étranger… »

Le bonheur absolu de Victor dans sa nouvelle maison, et l’immense liberté d’être et d’agir a fait pâlir d’envie les enfants ! Le Couvent des Feuillantines, adoré de Victor et proche du Panthéon, accueillit en secret le parrain royaliste, caché dans la chapelle avant que l’histoire se termine par un drame ! Les enfants étaient subjugués par tous ces détails et, comment le dire, m’en redemandaient plus, jour après jours tant cette vie leur semblait idéale et les faisait rêver !

« Notre mère disait : « Jouez, mais je défends
Qu’on marche dans les fleurs et qu’on monte aux échelles ».

« Abel était l’ainé, j’étais le plus petit.
Nous mangions notre pain de si bel appétit,
Que les femmes riaient quand nous passions près d’elles.
Nous montions pour jouer au grenier du couvent.
Et là, tout en jouant, nous regardions souvent,
Sur le haut de l’armoire, un livre inaccessible. »

« Dans une grande fête, un jour au Panthéon,
J’avais sept ans, je vis passer Napoléon… »

« J’eus dans ma blonde enfance, hélas ! trop éphémère,
Trois maîtres : – un jardin, un vieux prêtre et ma mère.
Le jardin était grand, profond, mystérieux,
Fermé par de hauts murs aux regards curieux,
…
Le prêtre, tout nourri de tacite et d’Homère,
Etait un doux vieillard. Ma mère- était ma mère !

Les enfants adore apprendre que Victor Hugo, à douze ans, écrit ses premiers poèmes, et les présente à l’Académie Française qui le célèbre quand il a dix-huit ans ! Ses colères politiques présagent de son avenir et enchantent mes Petits-Loups !

« C’est donc à toi, mère sensible et sage,
Que j’adresse aujourd’hui ma prose et mes couplets ;
…
Je brave tout si je te plais. »

Dieu que les enfants sont fiers de leur ami, quand ils comprennent « qu’il sera de tous les combats, dénonçant la misère du peuple, luttant contre la peine de mort, contre les injustices, visitant les prisons et les bagnes » et prenant la défense des femmes et des enfants pour leur offrir une vie plus juste et meilleure !  Le plus populaire des écrivains de son époque est un grand défenseur des valeurs républicaines françaises : Liberté, Egalité, Fraternité et Laïcité !
Et nous voilà revenus aux Misérables !!

Encore une fois ce n’est pas tout ce que je veux montrer !
Je raconte aux enfants médusés, la tragédie de sa fille Léopoldine, le rôle prépondérant de Victor Hugo dans l’éducation de ses petits enfants adorés, Georges et Jeanne qui ayant malheureusement perdu leur père trouvent en PAPAPA l’amour incarné !
Les petits-Loups adorent ses poésies écrites pour eux !

« Tout pardonner, c’est trop ; tout donner, c’est beaucoup !
Et bien, je donne tout et je pardonne tout
Aux petits… »

Maintenant, je décide de compléter les connaissances des enfants en leur faisant découvrir les amis de Victor Hugo et pour ce faire, je leur propose de regarder l’excellent premier épisode de la série animée d’Arte : L’Armée des Romantiques.
Les enfants sont enchantés d’entrer dans le monde d’Hector Berlioz, Delacroix, Balzac et Alexandre Dumas : « Tandis que le feu des révolutions transforme le XIXe siècle, à Paris, de jeunes artistes exaltés rêvent de régler son compte à l’ancien monde… Avec « Les aventuriers de l’art moderne », cette série documentaire animée explore le mouvement romantique en un passionnant chassé-croisé d’œuvres et de destins. »
Les enfants vivent au rythme du 19-ème siècle et de ses révolutions !!

Ce n’est pas fini ! Victor Hugo a écrit Notre Dame de Paris, nous regardons l’excellent dessin animé : ‘Notre Dame-de-Paris, l’épreuve des siècles’ et nous visitons Notre Dame ressuscitée avec les GS !

Victor Hugo a bien sûr habité Paris, nous nous rendons dans sa maison de la place des Vosges !

Victor Hugo a vécu les transformations du 19-ème siècle, nous nous rendons au Musée des Arts et Métiers et découvrons toutes les innovations de ce siècle incroyable !

Et pour finir, nous visitons avec tous les enfants, le château d’Alexandre Dumas, le grand ami de Victor !

J’ai voulu que les enfants puissent ressentir la liberté, la volonté et le génie de Victor Hugo de croire en un monde plus juste et plus beau en se battant pour lui, tout en écrivant de tout son talent dans une écriture de toute beauté époustouflante ! Pour ce faire, il fallait que mes Petits-Loups puissent « évoluer et rêver » dans ce siècle passionnant en connaissance de cause !

Mission accomplie !