« La Minute de Lili » / Le Vendée Globe avec les PS TPS / novembre 24 – mars 25

10 novembre 2024 départ du Vendée Globe ; nous nous lançons nous aussi dans l’aventure de cette course autour du monde à la voile en solitaire surnommée « l’Everest des mers ».

Course mythique qui tous les 4 ans réunit les marins les plus téméraires du monde (ils sont moins nombreux à avoir osé entreprendre le départ de cette course que d’individus partis explorer l’espace!)

Nous découvrons les skippers qui tenteront l’aventure pour cette 10ème édition. Les enfants ont leurs préférés.

Le japonais Kojiro Shiraishi et le chinois Jingkun Xu qui prendront tout deux le départ dans leurs sublimes tenues traditionnelles attirent les regards.

D’autant que le 2ème à la particularité d’avoir été amputé du bras gauche a 12 ans à la suite d’un accident. Tout comme l’autre participant handicapé: Damien Seguin (qui est lui né sans main gauche), ils forcent tous deux l’admiration. La volonté permet de surmonter les difficultés: nous les écoutons témoigner de leur parcours plein d’optimisme, de créativité et de persévérance ; quel bel exemple !

Le doyen de la course : Jean le Cam et la benjamine : Violette Dorange attirent également la sympathie des enfants.

Parmi nos «chouchous» figurent aussi les couples qui laissent à terre leurs jeunes enfants : Romain Attanasio et Samantha Davies parents de Ruben ainsi que Tanguy le Turqais et Clarisse Crémer qui doivent quant à eux se séparer de leur toute petite Mathilda qui fêtera ses 2 ans loin de son papa et sa maman.

Nous avons également particulièrement suivi le skipper Fabrice Amedeo dont la participation à la suite d’un parcours rocambolesque tient en elle-même de l’exploit: le bateau dans lequel il avait investi toute son énergie pour être son fidèle partenaire pour le Vendée Globe a fait naufrage à la suite d’un incendie en pleine mer dans lequel lui-même failli perdre la vie ! Son courage dans l’épreuve et sa détermination à ne pas renoncer à son projet furent une incroyable leçon de vie. Par ailleurs, ce sont ses motivations à faire cette course qui nous ont amenés à le soutenir. Au-delà de toute recherche de performance, il souhaite avant tout sensibiliser le grand public à la beauté mais aussi à la fragilité des océans, tout en contribuant à la recherche scientifique en faveur de la compréhension du fonctionnement de ce fabuleux monde marin et de ces liens étroits avec notre monde terrestre (deux enjeux indispensables à la préservation de notre patrimoine bleu). Il développe son projet «Océan Calling» pour fédérer et soutenir tous les acteurs qui veulent s’investir dans la protection des océans, parraine le programme «un geste pour la mer» de la Fondation pour la Mer, publie deux ouvrages pédagogiques destinés aux jeunes («Cétacé ! L’océan boit la tasse» et «L’écho des océans». Quant à son nouveau bateau (sur lequel il nous embarque virtuellement à travers ses nombreuses vidéos), il a non seulement été conçu de façon à être le plus écologiquement responsable (hydro générateur, panneaux solaire), mais il est en plus muni de quantités de capteurs scientifiques destinés à prélever des données océanographiques. Autant d’informations qui aideront à mieux connaitre l’état de santé des océans (en particulier dans ces zones hostiles et peu fréquentées de l’hémisphère sud, aux abords du pôle) pour pouvoir agir ensuite. Sous l’eau tout est en lien; il n’y a pas de frontières et ce qui se passent à un endroit impact l’ensemble de ce magnifique et complexe écosystème.

Le parcours du Vendée Globe nous conduit dans des découvertes géographiques qui passionnent les enfants. Nous avons affiché au mur une immense carte grâce à laquelle nous suivons l’avancée des différents skippers en faisant progresser leurs petits bateaux respectifs au fil des jours. (Jours que nous comptons assidûment en les inscrivant en chiffres et en symboles numériques représentant les unités et les dizaines sur un grand panneau mural).

Les enfants sont saisis de constater qu’au fur et à mesure que les concurrents se dirigent vers l’équateur (ligne qu’ils ont bien repérée sur notre planisphère et notre globe terrestre) leur équipement vestimentaire s’allège. Alors que nous nous enfonçons dans l’hiver, à quelques miles de nous, eux tentent de s’acclimater à la chaleur !

Nous découvrons avec enthousiasme la faune que nos aventuriers côtoient avec un émerveillement particulier pour les poissons volants et les géants mola-mola (aussi appelés poétiquement « poissons lune »).

Le passage de l’équateur et sa tradition d’y déverser une offrande à Poséidon pour se porter bonheur fut l’occasion de nous plonger dans les incroyables histoires de la mythologie grecque à la rencontre de ce Dieu des océans. Les enfants étaient fascinés par ces légendes et jouaient sans cesse à être Ouranos, Gaïa, Cronos, Rhea, Zeus ou l’impétueux Poséidon dont les colères impitoyables nous entraînèrent à la rencontre du fameux Ulysse et de ses épopées maritimes. Ces récits qui passionnaient les enfants furent illustrés par eux dans de magnifiques tableaux mêlant divers techniques (peinture, dessin, collage).

Les enfants vibraient aux rythmes des péripéties rencontrées par les skippers, en empathie avec les montagnes russes émotionnelles qu’ils vivaient : passant tour à tour par la joie, la fierté, la déception, l’agacement, la colère, la tristesse, la peur… Nous nous sommes émerveillés face à un coucher de soleil, la rencontre impressionnante avec une baleine ou un groupe de dauphins semblant s’amuser à bondir aux côtés du voilier. Nous avons compati avec les skippers contraints d’abandonner par suite d’un incident impactant leur physique ou l’état de leur bateau, et nous nous sommes réjouis pour ceux qui réussissaient à surmonter leurs soucis de santé ou à résoudre leurs problèmes techniques. Nous avons admiré dans ces moments-là leur détermination, leur créativité. Nous avons également pris conscience de l’importance d’être soutenu face aux difficultés : pouvoir recevoir des conseils des équipes restées au sol (ne serait-ce que de pouvoir en parler, avec des personnes en qui on a confiance, permet parfois de trouver des pistes de solutions envisageables à tester). Cela nous a permis de faire tout un travail sur l’importance de savoir accepter nos limites et de savoir demander de l’aide en expliquant le plus clairement possible la situation qui nous bloque pour ne pas rester dans l’impasse. Nous avons aussi réalisé à quel point le soutient purement affectif des proches (amis, famille mais aussi les autres skippers solidaires entre eux avant d’être compétiteurs) redonne une force morale qui peut ensuite permettre à notre corps et à notre cerveau (dans sa dynamique cognitive) de reprendre le dessus. Les discussions provoquées par les réactions des enfants face aux diverses situations auxquels les participants ont été confrontés ont été l’occasion d’échanges d’une richesse inouïe.

 

A l’approche de Noël, les concurrents entraient dans les régions des «40èmes rugissants» et des «50èmes hurlants». (Bien sûr, tels de véritables petits géographes, nous savions que cela faisait référence aux «latitudes» : ces points de repères imaginaires qui découpent le globe en lignes parallèles de part et d’autre de l’équateur.) Quel spectacle ces mers démontées sur lesquels semblaient voler les monocoques emportés par les vents. Les enfants ont réalisé des dessins, des peintures exprimant leur fascination pour la beauté de ces éléments déchaînés. Ils ont également utilisé la technique du déchiquetage puis du collage par accumulation ainsi que celle du découpage puis collage par enroulement pour donner vie à des tableaux en relief. Ils ont également voulu reproduire à leur manière la célèbre estampe d’Hokusai : la grande vague de Kanagawa, qui (parmi toute les œuvres d’artistes sur le thème de la tempête) avait particulièrement retenu leur attention. L’approche de l’Antarctique fut aussi l’occasion d’apprendre à mieux connaitre deux étonnants oiseaux emblématiques de ces milieux polaires, au large du fascinant continent glacé : les majestueux Albatros et les incroyables manchots (qui bien que vêtus de plumes ne volent pas et utilisent leurs ailes comme des nageoires). Que de livres et de films (aussi bien documentaires que de fiction) nous avons regardé sur ces deux espèces, qui habitaient les dessins et les jeux des petits passionnés.

Nous avons été touchés de constater qu’en cette période de fête ce qui a le plus réjouit les marins furent des surprises totalement éloignées du bonheur matérialiste auquel veut nous faire croire notre société de consommation.

D’une part, les skippers se sont tous réjouis d’apprendre la libération du militant écologiste Paul Watson. Celui-ci avait été emprisonné à la suite des actions menées avec son association «Sea Shepherd» contre des bateaux s’adonnant à la pêche à la baleine dans l’océan austral.

La deuxième source de bonheur pour les participants fut la découverte de toutes les petites intentions que leur entourage avait cachées à bord. Des cadeaux insignifiants en eux-mêmes en tant qu’objet mais de grande valeur par l’affection qu’ils révélaient.

Après le contournement du pôle sud, nous avons suivi la remontée des skippers vers le Nord. Bien sûr, nous avons regardé l’arrivée en direct de Charlie Dalin le 14 janvier matin, mais les arrivées de tous les autres participants nous ont tout autant réjouis. Pour nous, comme pour le public (présent de jour comme de nuit, quel que soit le temps, pour accueillir au port des Sables d’Olonne, les marins jusqu’au dernier), tous les concurrents étaient avant tout des hommes et des femmes ayant fait preuve d’une force (physique mais surtout mentale) extraordinaire et nous ont donné de remarquables leçons de vie. Ils nous ont fait découvrir des mondes inconnus auxquels nous nous sentons désormais liés comme si, grâce à eux, nous avions reconstitué le grand puzzle de notre planète.

Nous avons célébré l’arrivée du dernier skipper en organisant une fête. Les enfants avaient confectionné d’immenses plaques de pâte sablée recouvertes de glaçage bleu sur lesquelles nous avons reconstitués avec des brisures de gâteaux les continents. Nous avons ensuite déposé des petits voiliers (fabriqués avec des biscuits et des bonbons) tout le long du parcours du Vendée Globe. Chacun a pu prendre la parole pour relater ses meilleurs souvenirs, puis nous avons déclamé en chœur nos nombreuses poésies sur la mer et les bateaux ainsi que nos chansons de marins, avant de déguster notre géante carte gourmande. La fête s’est poursuivie en dansant sur des airs d’océans.

Début mars nous avons été ravi de visiter le Musée de la Marine et de pouvoir, parmi toutes les maquettes de bateaux présentés pouvoir voir celle d’un « imoca » : les fameux monocoques emblématiques de la course du Vendée Globe. Quelle fierté de pouvoir commenter la reproduction miniature en utilisant tous les termes techniques (quille, safrans, grand-voile, spi, foc, foils etc.)  qui font désormais partie de notre vocabulaire et nous rassemble, au sein de la famille des vrais marins !

Notre aventure Vendée Globe s’est conclue par la rencontre à l’école le 25 mars avec Roland Jourdain, grand navigateur français qui a participé 3 fois au Vendée Globe (mais aussi gagné 2 fois la Route du Rhum et la Transat Jacques Vabre) ! On a pu échangé avec lui, lui poser toutes nous questions et partager nos connaissances avec quelqu’un qui a vibré au rythme de l’océan – pour de vrai !

Articles en relation

error: Content is protected !!