« La Minute de Lili » / « Versailles-Les Animaux du Roi » avec les PS et TPS /janvier-juin 2022

L’Animal à Versailles à la grande époque des Rois de France :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En lien avec la magnifique exposition « les animaux du Roi » qui s’est tenue au château de Versailles, les TPS et PS se sont intéressés à la vie à la cour au 17ème et 18ème siècle, à travers la place qu’occupaient les animaux, qu’ils soient exotiques, sauvages ou de compagnie.
Les enfants ont tout d’abord “fait connaissance” avec la figure impressionnante de sa majesté Louis XIV.
Grâce à des extraits de plusieurs films d’époque, ils se sont immergés dans l’ambiance si étrange de ce monde de la monarchie absolue, à mille lieux de leur univers de petits citoyens du 21ème siècle. Tous les atours qui contribuaient à établir la prestance du Roi les intriguaient tout autant qu’ils les fascinaient. Ils ont, entre autres, remarqué cet instrument particulier qu’est le sceptre avec lequel le roi était parfois représenté. Ils ont voulu se confectionner les leurs pour pouvoir ainsi, avec cet attribut, jouer à incarner ce personnage tout puissant que tous rêvent d’être par moment.

Dans le parc de ce château servant à affirmer le pouvoir du Roi, les enfants ont découvert qu’une incroyable Ménagerie avait été aménagée. Le Roi y collectionnait les animaux exceptionnels par leur rareté, leurs allures remarquables et les présentait aux visiteurs de marque pour les impressionner.

Les enfants ont notamment été captivés par l’histoire de l’Éléphant du Congo de Louis XIV dont le squelette est toujours visible au Muséum d’Histoire naturelle (à la galerie d’anatomie comparée).  L’Éléphante de Chine de Louis XV – qui mourut tragiquement noyée dans le Grand Canal après s’être, une énième fois, enfuie de son enclos et dont le corps peut, lui aussi, être admiré au Musée d’Histoire naturelle – séduisit tout autant nos petits curieux. Les enfants se sont appropriés ces récits en jouant à faire semblant d’être : un aventurier chargé de trouver ces créatures exotiques et de les ramener en bonne santé au terme d’un périlleux voyage ; un soigneur veillant sur ces trésors vivants expatriés dans un milieu bien loin du leur ; un scientifique disséquant ces êtres étonnants pour mieux en comprendre le fonctionnement avant de les naturaliser…
D’autres pensionnaires ont également retenu leur intérêt, tel le couagga (espèce aujourd’hui malheureusement disparue), ou le fameux rhinocéros « Clara », réclamés avec insistance par les souverains de Versailles.
Si les anecdotes sur certains mammifères pensionnaires de la Ménagerie ont beaucoup retenu notre attention, se sont néanmoins les volatiles qui y étaient avant tout, à l’honneur. Nous avons ainsi admiré de nombreux tableaux d’oiseaux de toute beauté : poules, pintades, cygnes, paons, flamands roses, autruches, casoars, grues couronnées… Les enfants ont eux même créé chacun plusieurs tableaux de divers spécimens à plumes ainsi qu’une sculpture représentant un échassier (considéré par les rois comme les plus nobles représentant du peuple ailé), modelé en pâte à papier, puis peinte par leurs soins et fixée sur un socle en terre qu’ils ont orné d’incrustations.

A côté des animaux vivants exposés à la Ménagerie, le parc du château regorgeait également d’animaux sous formes de sculptures toutes plus étonnantes les unes que les autres.
Nous nous sommes évidemment attardés sur les splendides sculptures du bassin de Latone qui dominent la grande perspective des jardins et illustrent la légende sur l’enfance d’Apollon (dieu soleil que Louis XIV s’était choisi pour emblème). Les enfants se sont plongés avec bonheur dans les contes mythologiques de l’antiquité.
L’histoire d’Apollon s’est poursuivie avec la visite virtuelle du fameux bassin portant son nom, où on le voit émerger des eaux sur son char tiré par des chevaux, ainsi que par celle de la grotte de Thétis (déesse des océans chez qui il venait se reposer la nuit après sa course céleste pour inonder la Terre de lumière). De ce dernier monument incroyable, seul les somptueuses statues de « Chevaux du Soleil » subsistent ; mais nous avons pu voir une reconstitution en images de synthèses grâce à laquelle nous avons pénétré comme par magie dans cette caverne artificielle aux murs entièrement recouverts de coquillages et dotée d’effets spéciaux (sonores et visuels) incroyables. Éblouis par ce qu’ils avaient admiré, les enfants ont réalisé une œuvre exprimant leur vision de cette grotte enchantée.
Nous nous sommes ensuite aventurés dans l’univers du célèbre (bien que disparue) bosquet du labyrinthe.

Pour comprendre la symbolique du labyrinthe auquel Louis XIV avait voulu faire référence, il fallait bien sur raconter l’histoire de Thésée.
Les enfants ont complètement investi cette légende en interprétant eux même les différents protagonistes : le Roi Minos, sa femme Pasiphaé, le dieu Poséidon, le fameux taureau blanc, l’inventeur Dédale et bien sûr le terrible Minotaure ; mais aussi le Roi d’Athènes et son fils : le courageux Thésée ainsi que la belle amoureuse Ariane. Les enfants ont joué et rejoué cette épopée : leurs dessins donnaient naissance à des Minotaures terrifiants mais vaincus par de vaillants Thésée, nos Lego et nos Kapla servaient à construire des labyrinthes ; des fils d’Ariane étaient inventés en pâte à modeler ou avec des cordes à sauter nouées entre elles…
La magie du numérique nous a ensuite permis de “visiter” le fameux labyrinthe de Versailles. Au détour des allées, apparaissaient, non pas un monstre, mais des fontaines faisant référence aux fables d’Ésope, mettant en scène des animaux en plomb peints aux couleurs chatoyantes.
Jean de la Fontaine (contemporain de notre Louis XIV) s’étant réapproprié nombre de ces fables, nous avons choisi d’écouter (et de décrypter ensuite pour en comprendre la morale) ses célèbres versions en vers. Les enfants se sont penchés en particulier sur « Le Corbeau et le Renard », « Le Lièvre et la Tortue » et « le Cochet, le Chat et le Souriceau ».  Pour chacune, les petits artistes ont créé un tableau de la fable utilisant pour cela diverses techniques : pâte à sel, collage de branchages et cailloux, peinture à la gouache épaisse ou diluée façon aquarelle, feutres acryliques ou à l’encre, pastels gras et secs.

Impossible de parler de la vie à Versailles sans aborder la place qu’occupait la chasse. Les enfants ont découvert ce qu’était le cérémonial de la chasse à courre mais aussi au tir.
Dans cette pratique, dont les rois étaient si férus, l’animal sauvage n’est là que pour faire valoir la puissance du roi ; il n’est dès lors considéré que comme une chose et est abattu en masse pour affirmer la domination de cet être supérieur entre tous qu’est le monarque de droit divin ! Ce qui offusqua encore plus les enfants, fut d’apprendre que le peuple, lui, n’avait pas le droit de chasser quand bien même cela fut à des fins de subsistance.
Tuer pour se nourrir leur paraissait équitable (contrairement à la motivation du roi) et ils trouvaient donc parfaitement injuste que cela soit considéré comme du braconnage et sévèrement réprimé. Quand ils ont su qu’en plus, le roi imposait aux paysans qui cultivaient sur les terres du domaine de Versailles, de laisser “son” gibier piller leurs récoltes, ils ont été révoltés ! Cet élément fut un exemple qui leur permit de comprendre pourquoi le peuple se sentait oppressé par ce pouvoir, considéré comme abusif, et comment la colère et la misère conduisirent les français à se soulever.

Alors que l’Animal sauvage n’était pas considéré pour lui-même, les chevaux et les chiens, véritables auxiliaires indispensables à la chasse, avaient un tout autre statut. Ils étaient respectés et traités avec considération : confortablement logés et entretenus avec grand soin.
On trouvait ainsi à Versailles d’une part les écuries (sous la responsabilité du grand écuyer) où étaient sélectionnés les plus beaux chevaux du monde et d’autre part le chenil (dirigé par le grand veneur) où étaient rassemblés les différents équipages de chiens courants.
Mais ceux qui étaient les véritables “chouchous” des rois, étaient incontestablement les chiens dits couchants. Ils avaient leurs propres appartements, dans le château lui-même, meublés de niches qui ressemblaient à de véritables petits palais sculptés dans les bois les plus rares, peints avec raffinement et dont les intérieurs étaient revêtus des tissus les plus luxueux. Le Roi nourrissait lui-même ses protégés de petits biscuits spécialement confectionnés par son pâtissier. Ces chiens sont les personnages centraux de nombreux tableaux où leurs noms sont inscrits en lettres d’or, démontrant à quel point ils étaient perçus comme des êtres importants et uniques.

Ainsi, à Versailles, certains animaux avaient le statut d’animaux de compagnie ! Ils étaient aimés pour eux même, indépendamment du prestige qu’ils auraient pu ou non apporter à leurs propriétaires, pour leur caractère rare ou leur exceptionnelle beauté.
Les enfants comprenaient totalement cette relation unique qui peut nous lier à un animal comme à un ami. Découvrir la passion de Louis XIV pour ses chiennes : « Lise », « Misse », « Folle » ou « Blanche », de Louis XV pour ses chats : le beau blanc angora « Brillant » et le persan noir dit « le Colonel », rendit ces personnages plus proches de nous. Les enfants ont adoré toutes les anecdotes relatant l’excentricité avec laquelle certains proches de l’entourage du roi signifiaient leur attachement à un animal : les parant de colliers en pierres précieuses, leur servant leur repas dans des écuelles en porcelaine fine, portant des broches ou des bagues à leur effigie etc.
Cette approche d’un animal avec lequel on peut partager une tendre complicité, si elle nous est familière, allait pourtant à l’encontre de la théorie du philosophe le plus réputé de l’époque : Descartes. Selon lui, les animaux n’étaient que des machines dépourvues d’intelligence et de sentiments ! Les enfants pour qui l’Animal est bien sûr doté de sensibilité, ont apprécié que les gens de la Cour (si préoccupés de plaire) osent affirmer leur désaccord face à l’opinion dominante dans la société intellectuelle d’alors, en affichant beaucoup d’égards envers leurs fidèles compagnons.
Nous avons eu des discussions très engagées sur cette grande question éthique de la place que nous accordons à l’Animal. Comment nous positionnons-nous en tant qu’humains, face à ces autres êtres vivants ? Pourquoi n’avons-nous pas toujours le même discours ; par exemple, sur quels critères décide-t-on que tel animal peut être mangé et pas tel autre ? Peut-on utiliser un animal pour notre satisfaction ou doit on tenir compte de ses désirs au même titre que les nôtres et si tel est le cas, comment réellement les connaître ??? Les enfants ont débattu avec passion sur ces sujets existentiels.

Les enfants de PS et TPS ont créé des tableaux de toute beauté sur ce thème (voir tous les tableaux dans la « Galerie d’art des enfants » ! En voici un aperçu :

 

 

 

Articles en relation

error: Content is protected !!